L’objectif du présent studio de projet dédié à l’apprentissage des processus de conception architecturale est d’initier à une véritable pratique computationnelle de cette conception. Celle-ci se fera en résonnance avec les hypothèses élaborées depuis 1990 environ dans la pensée architecturale anglo-saxonne contemporaine, mais également en rapport avec les expériences réalisées par les architectes radicaux et cybernéticiens des années 1960. Au sein d’un contexte général toujours plus marqué par les évolutions de la science et des technologies, il est nécessaire d’admettre que l’enseignement actuel de l’architecture ne prépare pas – ou trop peu – aux mutations qui ne cesseront de se produire dans tous les domaines, y compris celui qui nous préoccupe ici. Une manière raisonnable d’affronter ce problème est de transmettre aux étudiants, au-delà de la simple pratique de tel ou tel logiciel bientôt obsolète, les outils conceptuels et pratiques les plus fondamentaux permettant de saisir la nature du tournant computationnel actuel. Dans le cadre d’exercices communs à tous les studios de P2, le présent studio, apportera aux étudiants les connaissances nécessaires pour envisager le futur d’une conception architecturale intégrant les concepts de F2F (File to Factory), BIM (Building Information Modelling) et IPD (Integrated Project Delivery). A partir de formes géométriques complexes d’inspiration naturaliste, formes exigeantes et difficiles à appréhender spatialement, chaque étudiant cheminera vers un projet architectural en s’aidant de méthodes et logiciels adéquats. En faisant appel à leurs connaissances et en en développant de nouvelles propres à l’analyse et à la production des formes architecturales, les étudiants iront vers une matérialisation rigoureuse, à une échelle supérieure et avec d’autres matériaux (et contraintes liées à cette matérialité), de ce qui a d’abord été produit quasi- intuitivement. Pour ce faire, seront utilisés dans le studio divers machines (découpe laser, impression 3D, usinage 3 et 5 axes, robotique, etc.). Ces machines, qui ont en commun d’être pilotées par des ordinateurs, permettent  une  « scalabilité »  (des  changements  d’échelle  que  les  architectes  ou  concepteurs  d’autres disciplines ont dans l’histoire essayé d’atteindre avec des machines analogiques) inconnue jusque-là, tout comme une traductibilité nouvelle.   Cette traductibilité, qui permet à tout élément conçu sur ordinateur d’être directement fabriqué à partir des informations langagières (abstraites et logicomathématiques) envoyées aux machines permet, comme il a été démontré en architecture par Objectile (Bernard Cache et Patrick Beaucé), pionner en ce domaine au début des années 1990, d’envisager une production en masse d’éléments singuliers en lieu et place de la production de masse classique. Au-delà de l’apprentissage des méthodes  de  conception,  le  studio  reviendra  ainsi  sur  cette  évolution  historique  fondamentale  de  la production  industrielle  conduisant,  par  une  compréhension  pratique  et  extrêmement  concrète  de  la fabrication de l’architecture contemporaine à une vérification de cette affirmation récente de l’architecte et théoricien italien Andrea Branzi : « Imaginer de nouveaux modèles d’organisation productive est une partie intégrale de toute culture du design : une nouvelle modernité est née uniquement à partir d’un nouveau modèle d’entreprise. La forme des objets manufacturés ne peut être séparée du noyau industriel qui les a produits, tout comme elle ne peut être séparée des structures environnementales qui en découlent. » (In. Weak and Diffuse Modernity, the world of projects at the beginning of the 21st Century).

Les TD ont lieu toutes les semaines (3h/semaine). Ils seront consacrés à l’apprentissage de rudiments d’algorithmique, de Rhinoceros 5, de Grasshopper et de divers plugins associés, ainsi qu’à l’usage des machines à commande numérique.